Editeur : Cénomane
Publication : Mars 2007
Pages : 124
Il était là, gisant sur l'étagère de la bibliothèque municipale. J'ai regardé l'épaisseur et le format, et cela m'a paru suffisant pour moi. J'ai lu le titre et j'ai été curieusement attiré. Puis, j'ai commencé à lire, et là, j'ai littéralement été happé par cette histoire.
Entre le roman épistolaire (le roman n'est en réalité qu'une longue lettre) et le roman policier, Je vais mourir cette nuit est l'histoire d'une vengeance orchestrée par un membre éminent d'une organisation, le narrateur, envers celui qui l'a fait emprisonné, un policier obstiné.
Une histoire de vengeance
Toute l'adresse de l'auteur repose sur le fait que l'auteur de la lettre s'est suicidé seize années avant que le destinataire, le policier en l'occurrence, ne lise cette lettre, qui passe en revue l'ensemble des évènements survenus au cours de ces longues années. Car rien n'a été laissé au hasard, toute cette vengeance a été menée avec une minutie et une précision qui laisse à penser que l'auteur maîtrise le destin de sa victime.
Si l'énergie et le génie, comme le narrateur aime s'en vanter, développés pour venir à bout de l'homme qui a ruiné sa vie sont énormes, il faut bien se rendre compte que la vengeance est d'une cruauté sans limite. L'esprit retors du narrateur ne recule devant aucun moyen pour venir à bout du commissaire Delmar. L'adjectif machiavélique est absolument approprié pour décrire le plan mis au point par le narrateur, du fond de sa prison. Avec l'argent, tout est possible. Le vengeur s'arrange pour que la victime soit irréversiblement mutilée, perde ses meilleurs collègues, sa maîtresse tant aimée (qui n'était qu'un pion dans l'échiquier infernal déployé par le génial démon), sa fierté, sa femme, sa fille, sa volonté, sa vie toute entière, pour finir lui avouer qu'il est à l'origine de tout cela et le contraint à la seule issue possible : le suicide. La fin justifie les moyens.
L'art de la vengeance
Mais ce n'est pas tout. Un simple esprit vengeur nous aurait laissé un goût amer si l'organisation à laquelle il appartenait ne vivait pas du marché de l'art et d'une gigantesque escroquerie auprès des artistes de ce bas monde. Ainsi, nous comprenons comment des oeuvres d'art réapparaissent subitement plusieurs dizaines d'années après la disparition de l'artiste...
Les explications sur les oeuvres commandées sont assez brillantes, je dois l'avouer. Fernando Marias possède de plus le style des grands et cette première traduction d'une de ses oeuvres en français est un véritable petit bijou, ciselé par un orfèvre des sentiments humains et mots pour les décrire avec précision et discernement.
Ce roman, c'est carrément du Stefan Zweig avec une bonne dose de mal pour triturer toute cette humanité.
Pourquoi pas chef d'oeuvre ?
Oui, c'est vrai ça. J'ai hésité à mettre les cinq étoiles de rigueur lorsque je lis un livre que je pourrais qualifier de chef d'oeuvre. D'une part, parce que malgré la qualité littéraire de l'ouvrage, l'intrigue particulièrement prenante, je n'ai pas été happé par la lecture comme lorsque je lis du Zweig ou tout autre oeuvre à cinq étoiles (n'ai-je pas annoncé que mon barème reflétait le plaisir que j'avais pris à lire un livre ?).
D'autre part, parce que je ne comprends pas vraiment pourquoi le narrateur n'a pas utiliser son génie, son argent, son talent, ses relations, son organisation, pour simplement s'évader de la prison dans laquelle il se trouvait, et continuer son existence de malfaiteur. Après tout, si ce n'est la folie, rien ne l'empêchait de poursuivre son oeuvre gigantesque au sein de la Corporation, plutôt que de vouloir venger l'affront d'avoir été emprisonné. S'il avait été un vrai génie, il n'aurait jamais été en prison et il en serait sorti. Et en arriver à cette conclusion, me fait penser que c'est d'autant plus cruel de voir le sort réservé au commissaire Delmar.
Pourtant, le livre n'étant qu'une longue lettre adressée au policier, il est tout à fait possible d'envisager que ce faux génie prétentieux n'a pas réussi son coup et que tout ce qui a été annoncé ne s'est pas produit. Mais dans ce cas, le sbire du narrateur n'aurait jamais montré la lettre à Delmar, et nous lecteur aurions-nous pu lire cette lettre ? Aïe, sortez moi de cette situation terrible ! Dites-moi que tout ceci n'est pas arrivé !
Vraiment un petit livre à lire pour découvrir un auteur dont je lirai avec plaisir les prochaines traductions, et surtout une histoire palpitante quoique tortueuse ! Un délice pour ceux qui aiment les polars (ce n'est pas mon cas, mais je me mets à votre place) et la littérature (la vraie ;) ).
Entre le roman épistolaire (le roman n'est en réalité qu'une longue lettre) et le roman policier, Je vais mourir cette nuit est l'histoire d'une vengeance orchestrée par un membre éminent d'une organisation, le narrateur, envers celui qui l'a fait emprisonné, un policier obstiné.
Une histoire de vengeance
Toute l'adresse de l'auteur repose sur le fait que l'auteur de la lettre s'est suicidé seize années avant que le destinataire, le policier en l'occurrence, ne lise cette lettre, qui passe en revue l'ensemble des évènements survenus au cours de ces longues années. Car rien n'a été laissé au hasard, toute cette vengeance a été menée avec une minutie et une précision qui laisse à penser que l'auteur maîtrise le destin de sa victime.
Si l'énergie et le génie, comme le narrateur aime s'en vanter, développés pour venir à bout de l'homme qui a ruiné sa vie sont énormes, il faut bien se rendre compte que la vengeance est d'une cruauté sans limite. L'esprit retors du narrateur ne recule devant aucun moyen pour venir à bout du commissaire Delmar. L'adjectif machiavélique est absolument approprié pour décrire le plan mis au point par le narrateur, du fond de sa prison. Avec l'argent, tout est possible. Le vengeur s'arrange pour que la victime soit irréversiblement mutilée, perde ses meilleurs collègues, sa maîtresse tant aimée (qui n'était qu'un pion dans l'échiquier infernal déployé par le génial démon), sa fierté, sa femme, sa fille, sa volonté, sa vie toute entière, pour finir lui avouer qu'il est à l'origine de tout cela et le contraint à la seule issue possible : le suicide. La fin justifie les moyens.
L'art de la vengeance
Mais ce n'est pas tout. Un simple esprit vengeur nous aurait laissé un goût amer si l'organisation à laquelle il appartenait ne vivait pas du marché de l'art et d'une gigantesque escroquerie auprès des artistes de ce bas monde. Ainsi, nous comprenons comment des oeuvres d'art réapparaissent subitement plusieurs dizaines d'années après la disparition de l'artiste...
Les explications sur les oeuvres commandées sont assez brillantes, je dois l'avouer. Fernando Marias possède de plus le style des grands et cette première traduction d'une de ses oeuvres en français est un véritable petit bijou, ciselé par un orfèvre des sentiments humains et mots pour les décrire avec précision et discernement.
Ce roman, c'est carrément du Stefan Zweig avec une bonne dose de mal pour triturer toute cette humanité.
Pourquoi pas chef d'oeuvre ?
Oui, c'est vrai ça. J'ai hésité à mettre les cinq étoiles de rigueur lorsque je lis un livre que je pourrais qualifier de chef d'oeuvre. D'une part, parce que malgré la qualité littéraire de l'ouvrage, l'intrigue particulièrement prenante, je n'ai pas été happé par la lecture comme lorsque je lis du Zweig ou tout autre oeuvre à cinq étoiles (n'ai-je pas annoncé que mon barème reflétait le plaisir que j'avais pris à lire un livre ?).
D'autre part, parce que je ne comprends pas vraiment pourquoi le narrateur n'a pas utiliser son génie, son argent, son talent, ses relations, son organisation, pour simplement s'évader de la prison dans laquelle il se trouvait, et continuer son existence de malfaiteur. Après tout, si ce n'est la folie, rien ne l'empêchait de poursuivre son oeuvre gigantesque au sein de la Corporation, plutôt que de vouloir venger l'affront d'avoir été emprisonné. S'il avait été un vrai génie, il n'aurait jamais été en prison et il en serait sorti. Et en arriver à cette conclusion, me fait penser que c'est d'autant plus cruel de voir le sort réservé au commissaire Delmar.
Pourtant, le livre n'étant qu'une longue lettre adressée au policier, il est tout à fait possible d'envisager que ce faux génie prétentieux n'a pas réussi son coup et que tout ce qui a été annoncé ne s'est pas produit. Mais dans ce cas, le sbire du narrateur n'aurait jamais montré la lettre à Delmar, et nous lecteur aurions-nous pu lire cette lettre ? Aïe, sortez moi de cette situation terrible ! Dites-moi que tout ceci n'est pas arrivé !
Vraiment un petit livre à lire pour découvrir un auteur dont je lirai avec plaisir les prochaines traductions, et surtout une histoire palpitante quoique tortueuse ! Un délice pour ceux qui aiment les polars (ce n'est pas mon cas, mais je me mets à votre place) et la littérature (la vraie ;) ).