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Résumé :
Avis :
Aussi loin que je puisse me souvenir, Le Petit Prince est ma première lecture sérieuse. Je viens de le relire, et je comprends pourquoi ce conte m’avait enchanté à l’époque. Les dessins n’y étaient bien entendu pas pour rien, mais le style simple, et, surtout et très certainement, l’histoire décousue a facilité mon imagination. Le découpage en chapitre est assez curieux, mais cela donne un élan merveilleux au conte : ici, le réel s’étiole et laisse place à l’imaginaire.
Les métaphores, d’une apparence simpliste, sont extrêmement riches et font la beauté du conte. Ce conte, même s’il pourrait s’avérer moins riche que les fameux contes de Perrault ou des frères Grimm, mériterait une étude approfondie : il y a énormément d’allusions (bibliques en particulier) qui enrichissent le texte, et assez subtilement parfois.
Tout y passe, dans la revue des personnages sur leurs rochers célestes : une critique de la logique des adultes. Le capitalisme, la politique, la justice, le savoir… Tout est tourné en dérision par Saint Exupéry.
Pour ma part, la beauté simple du conte n’a guère ému l’âme d’adulte qui a définitivement éclipsé l’âme d’enfant d’antan. Cependant, l’incipit (le chapitre I en réalité), un modèle du genre, décrit bien les concessions de la vie adulte : « j’ai donc dû choisir un autre métier et j’ai appris à piloter des avions. […] Je me mettais à sa portée. Je lui parlais de bridge, de golf, de politique et de cravates. Et la grande personne était bien contente de connaître un homme aussi raisonnable... »
Indémodable et à faire lire à vos enfants (surtout avec les dessins de Saint Exupéry).
Citations :
(La Pléiade)
p. 250 : « Il est quelquefois sans inconvénient de remettre à plus tard son travail. Mais, s’il s’agit des baobabs, c’est toujours une catastrophe. »
p. 258 : « – Ils peuvent venir, les tigres, avec leurs griffes ! – Il n’y a pas de tigres sur ma planète, avait objecté le petit prince, et puis les tigres ne mangent pas l’herbe. »
p. 266 : « Il faut exiger de chacun ce que chacun peut donner, reprit le roi. L’autorité repose d’abord sur la raison. Si tu ordonnes à ton peuple d’aller se jeter à la mer, il fera la révolution. J’ai le droit d’exiger l’obéissance parce que mes ordres sont raisonnables. »
p. 274 : « Et moi je possède les étoiles, puisque jamais personne avant moi n’a songé à les posséder. » (C’est une logique tellement d’actualité qu’elle ne prête pas tellement à sourire, finalement…)
p. 295 : « Tu vois, là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c’est triste ! Mais tu as des cheveux couleur d’or. Alors ce sera merveilleux quand tu m’auras apprivoisé ! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. »
p. 319 : « Le mouton oui ou non a-t-il mangé la fleur ? Et vous verrez comme tout change… Et aucune grande personne ne comprendra jamais que ça a tellement d’importance ! »